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4 de marzo del 2000

 

CURRO ROMERO : LA BIOGRAPHIE AUTORISEE DU MYTHE

André Viard


Paru il y a moins de trois semaines « Curro Romero, la esencia » en est déjà à sa troisième édition et caracole en tête des ventes au Corte Inglés ! Sans entrer dans le contenu de l’œuvre que chacun appréciera selon sa sensibilité et l’admiration plus ou moins grande qu’il porte à Curro Romero et à l’auteur, un tel succès de librairie concernant la tauromachie appelle un commentaire fondamental : contrairement à l’opinion largement diffusée ici ou là selon laquelle les toreros n’intéressent personne en dehors de l’arène à moins d’épouser des princesses ou d’étaler leur vie privée dans la presse du cœur, ce best-seller consacré à un torero atypique montre bien que même à l’heure d’Internet, le torero demeure une image emblématique, à condition, bien sûr, d’atteindre le rang de mythe. Autrement dit, et pour poursuivre dans la métaphore, à moins de parvenir à incarner l’image idéale virtuelle du torero romantique et triomphant, point de salut pour les générations montantes. Vaillants, ambitieux, batailleurs, virtuoses et techniciens s’abstenir ; si le Pharaon vous dépasse tous, la raison en est simple : Curro Romero, c’est Don Juan. Un rôle qui n’est malheureusement pas à la portée de tout le monde. Tout le problème est là et il risque fort de s’aggraver. Car avec la sur-information à laquelle nous participons en donnant pratiquement en temps réel toutes les nouvelles du monde taurin, comment imaginer qu’un talent aussi pur soit-il puisse avoir le temps de mûrir dans l’ombre sans être disséqué, analysé, digéré et recraché par tous les exégètes plus ou moins avisés que compte la planète taurine ? A peine repéré, le torerillo débutant est donné en pâture à l’info et les talents incertains se dissolvent très vite. Les bellâtres de banlieue, les dragueurs de basse-cour, les emberlificoteurs du dimanche ne passent pas davantage à la postérité. Quand les ficelles sont trop grosses, le charme n’agit pas. Et la force de Don Juan, c’est l’épaisseur de son mystère. Depuis plus de quarante ans, Curro Romero accumule les débâcles, ponctuées de loin en loin par des faenas de rêve. Mais est-ce lui qui rêve... ou ceux qui le voient toréer ? Dans tout mystère, la subjectivité est importante. Pour croire sans voir, il faut avoir la Foi ! Ne demandez pas aux romeristes d’où vient la leur, ils ne sauraient répondre. Ils croient. Et parfois, au terme d’une longue ascèse, il leur arrive même de voir... comme à Séville en avril dernier. Et le mythe se nourrit tout autant de ces instants rares en forme de miracle que du temps passé à les espérer sans rien voir venir. Tel devait être le souvenir laissé par Don Juan à ses conquêtes : la morsure fulgurante d’une brève parenthèse aux relents d’interdits dans un quotidien de frustrations où l’ennui prédomine. Qu’importent alors l’allure bedonnante du séducteur, son âge respectable, ses cheveux teints et ses faiblesses passagères ! Dans les hautes limbes où flottent les purs esprits, la matière se dilue pour laisser place à l’essence. L’essence du toreo. L’essence de Romero.
André Viard.
«Curro Romero, la esencia » est publié par Editorial Planeta dans la collection "La España plural". On peut l’acheter on line : www.libro.elcorteingles.es. Coauteur du livre dans la mesure où Antonio Burgos écrit à la première personne les souvenirs et réflexions du torero, Curro Romero cède ses droits d’auteurs à une institution qui se consacre aux enfants gitans.