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Toros Digital France

Numéro 1625 - 19 avril 2000
Avant Seville...
... Curro Romero

 

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A PROPOS DE CURRO

BIENTÔT L'ETE

Par Alain LAVAUD

C’est à peu près ce qu’entendit Curro Romero au cours de l’une de ses toutes premières corridas, il y a fort longtemps de cela, alors qu’il entreprenait une longue, fluctuante et glorieuse carrière, au début des années cinquante. L’aficionado enthousiaste qui s’affirmait ainsi à haute et intelligible voix, voulait signifier par là, tandis que le torero se traînait dans l’apathie, qu’il ne convenait pas de désespérer et que bientôt les belles journées de l’été reviendraient enchanter de nouveau les amateurs par l’expression d’un art inimitable. Ce cri, Curro le réentendra souvent au cours de sa carrière, agrémenté de beaucoup d’autres variantes spirituelles et plaisantes mais aussi d’insultes, d’imprécations et d’avertissements vengeurs "Curro, je te hais ! ", ou encore "Curro, apprends !", tandis que l’un de ses confrères accomplissait dans l’arène une faena de qualité après qu’il eut lui-même sombré dans la débâcle.

C’est que l’on entre en currisme (on disait autrefois romerisme) comme on entre en religion. Il n’est de plus grand péché que celui contre la foi et l’espérance. Or, le curriste convaincu —ou converti— sait que son idole est un torero absolument unique en son siècle et probablement dans l’histoire, et qu’il ne faut jamais, au grand jamais, désespérer, même après l’avoir vu toréer seize fois de pitón a pitón —comme il l’explique de si lumineuse façon— et massacrer trente-deux toros, ce qui fut mon cas, avant d’être renversé par l’éblouissement d’une faena apollinienne, sur mon personnel chemin de Damas.

Le toreo comme tous les arts est ainsi; il jaillit de temps à autres. Et il en est heureusement ainsi car si ce jaillissement se produisait tous les jours, ce ne serait plus de l’art, affirme Curro.

Un juge andalou n’a-t-il pas très officiellement décidé que le currisme était un sentiment profond, une façon de concevoir la vie ? En 1996, l’employé d’une entreprise d’assainissement se prit violemment de bec avec un client qui insultait Curro devant lui. L’employé, Domingo Ruiz Florencio, fut mis à la porte et perdit son travail. Il en appela alors aux tribunaux, et le magistrat imposa la réadmission du plaignant, avec indemnisation, précisant formellement dans son arrêt que ce sentiment curriste était avéré et manifestement désintéressé, plus enraciné et profond qu’aucun autre, source d’une joie permanente, d’une inconditionnelle espérance et d’une façon de concevoir la vie; il ressortait de cet attendu que le currisme exigeait le plus grand respect de la part de ceux qui le partagent, comme de ceux ne le partageant pas, et que lorsqu’on venait à lui manquer, une réaction ardemment défensive, de la part de celui qui se considérait offensé, était à prévoir. [N.D.L.A. Traduction approximative et très peu juridique des minutes du procès.]

Curro Romero est, une fois de plus, d’actualité en cette veille d’inauguration de temporada sévillane les éditions Planeta ont sorti au début de l’année, l’autobiographie du maestro sous la plume de l’excellent écrivain Antonio Burgos qui, au-delà de ses qualités de romancier et de journaliste d’audience nationale, est le prestigieux chroniqueur de cette métropole méridionale.

C’est à la première personne qu’Antonio Burgos fait parler le maestro qui égrène soixante-six années de souvenirs dans un style qui reproduit avec justesse, et une infinie tendresse, le ressassement, les répétitions que l’on retrouve assez communément dans le discours des êtres simples et spontanés qui n’ont pas reçu de formation académique. Attention !Il s’agit de simplicité et de spontanéité sans fards, car l’intelligence et la finesse sont d’une permanente présence et emportent à chaque ligne l’adhésion. Il n’est pas question ici de résumer trois-cent-quatre-vingt-quatre pages d’un texte dense et captivant, mais d’affirmer qu’après cette lecture personne ne pourrait s’empêcher de se sentir partisan d’un homme si touchant et sincère. Curro est un homme bon. Curro est un homme honnête. C’est aussi un honnête homme. Jamais dans ses propos la moindre rancœur, la moindre médisance, le plus petit reproche. A peine soupçonne-t-on qu’il exècre la police qui l’a profondément humilié du temps du dictateur comme après la transition, et qu’il n’a que très peu de goût pour les militaires chez lesquels il a perdu en tâches obtuses un temps pour lui, alors, précieux.

Mélange de confessions ou de manifestes qui ne tournent jamais à la justification de ses débâcles mais qui expliquent sa nature et ses comportements, recueil d’anecdotes pittoresques ou émouvantes ce livre se lit d’un trait.

J’ai toujours eu l’impression de bien faire les choses. Si tu ressens une chose, que tu ne peux la réaliser, et si tu te laisses entraîner par les autres, tu es fichu. Si tu n’as pas de personnalité tu n’arriveras nulle part. Il faut toujours être cohérent avec soi-même. Autrement dit je ne forcerai jamais ma nature.

Pour moi l’argent n’a jamais eu d’importance.., il ne fallait pas que les imprésarios puissent me manipuler pour ne pas faire quelque chose que je ne ressens pas. Les oreilles n’ont pour moi aucune importance.., cette histoire d’oreilles à couper coûte que coûte, cela m’est égal... Je ne peux pas trahir mes sentiments et ma manière d’être.

De toutes les formes de toréer.., c’est celle d’Antonio Ordoñez que je préfère… j’en ai vu d’autres, des courageux, des combatifs qui exposaient... mais c’est vers le style d’Ordoñez que je penche... Il s’agit d’un art, de sa grandeur et non pas d’une guerre...

A la veille de son mariage avec Concha Márquez Piquer, la fille du torero et de l’universelle tonadillera, le 5 octobre 1962, il est pris à Zafra par un toro de Saltillo qui appartenait alors à Félix Moreno de la Cova, La blessure est cruelle, en plein dans l’aine, On l’emmène à l’infirmerie, on le déshabille pour l’opérer... la table d’opération, bancale, n’avait que trois pieds ! On m’installe, poum, je tombe par terre avec la table par-dessus, poum, le coup de corne et la table en plus... Pepito Cámara, qui s’occupait alors de moi, s’approche et me dit, tu sais il me semble que l’on ne peut pas t’opérer ici, on devrait te recoudre et foncer vers Séville. Il n’y a même pas d’anesthésie. Bon ! Eh bien qu’on me recouse et filons ! Et ils m’ont cousu, à vif, toute l’aine. A vif, sans anesthésie, sans rien. Et on le ramène à Séville couché par terre, dans la voiture, avec la couture, et tout, sans anesthésie… C’est la cornada dont j’ai le plus souffert au cours de ma vie.

C’était en 1968. Il se trouvait à Séville, à l’hôtel Colón en compagnie de sa femme, de ses filles et de ses beaux-parents. Pendant la nuit il entend des bruits, Un tremblement de terre ! Et dans tout l’hôtel les gens se mettent à hurler un tremblement de terre ! Un temblement de terre! On court dans tous les sens... J’abrège. Et ce que je fis alors, au lieu de me mettre une robe de chambre que j’avais là, tellement j’avais peur, ce fut de prendre une cravate et de sortir dans le couloir de l’hôtel, rien qu’avec la cravate, dans le style de Cantinflas, complètement nu, mais avec une cravate autour du cou, comme s’il s’était agi d’une écharpe. Allez donc savoir ce qui m’avait pris ? Et Concha Piquer qui se trouvait déjà dans le couloir avec Antonio Márquez me voit arriver, complètement nu, avec la cravate autour du cou, et me dit Curro où vas-tu donc avec la cravate et la bijouterie à l’air ? Je suis alors retourné dans ma chambre, j’ai enfilé le vêtement, Et j’ai caché la bijouterie trois pièces.

La mère du roi, la comtesse de Barcelone était —on le sait— une curriste inconditionnelle. Un jour où Curro n’avait pas été bien, les aficionados qui avaient emporté des brins de romarin les jetèrent par brassées à un autre torero qui venait de triompher et faisait son tour de piste. Madame, Madame, fait-on remarquer à l’altesse royale, le public qui avait apporté du romarin pour Curro est en train de le jeter à tel autre torero ! Et Doña Maria, en bonne curriste, de répondre Non, non, ce n’est pas du romarin, c’est du chiendent !

Tout au long de ces pages on rencontre des personnages fameux, Camarón de la Isla, le roi Juan Carlos, Lola Flores et Juan Belmonte, Rafael el Gallo, Manolo Caracol, Chicuelo et Pepe Luis, Domingo Ortega et Franco, Gregorio Corrochano, Orson Welles et Ernest Hemingway... Curro Romero, par la plume d’Antonio Burgos, a une anecdote à raconter sur chacun, rappelle un souvenir ému ou plaisant, Mais c’est au contact de la foule anonyme, des amis d’enfance, de tous les individus mal identifiés, des aficionados modestes de Camas et d’ailleurs, qu’apparaît la timidité et l’authentique modestie de cet être d’exception. Et c’est dans sa passion pour la mer et les promenades solitaires sur la grève que cet honnête homme prend toute sa dimension.

Les anecdotes sont nombreuses et succulentes. L’avenir nous en réserve encore un bon nombre car le maestro ne cache pas qu’il toréera… tant qu’il le pourra. C’est bien simple il ne saurait vivre sans cela. Or, il mène une vie saine et jouit d’une excellente santé. Qu’on se le dise ! Il y aura encore beaucoup à dire, à écrire, à lire et à voir. Si les lecteurs de Toros sont sages et le veulent bien, nous le leur raconterons bientôt... en attendant l’indispensable traduction d’une biographie indispensable.

Alain LAVAUD.

L’article ci-après nous avait été adressé par Adrien Chastelas " Calendau " au début des années 80, comme on le constate à certains détails du texte; cet article ne fut pas alors publié dans Toros, Nous n’y avons pas touché bien qu’on puisse l’actualiser. Il nous permet de rappeler le souvenir de son auteur, né il y a cent ans et décédé en 1991. Revistero à La Corrida, de Marseille, en 1932, il termina sa carrière au Méridional toujours de Marseille. Bien que n’étant pas un collaborateur permanent de Toros, il écrivit pour notre revue divers articles. Il laissa deux ouvrages : De Belmonte au Cordobés (1971) et Récits et contes au soleil (1985), Ce fut un aficionado torista convaincu, défenseur de l’intégrité du toro et pourfendeur des fausses valeurs, ce qu’il afficha dans tous ses écrits.., y compris dans les colonnes d’un quotidien, ce qui n’était pas plus facile alors qu’aujourd’hui.

Pierre DUPUY.

 IL N’Y A PLUS
QUE DES TOREROS
"CORTOS
"

par Adrien Chastelas " CALENDAU"

Voyons d’abord ce qu’est un torero corto, Par une lapalissade, on pourrait dire tout simplement que c’est le contraire d’un torero largo; ce ne serait là qu’une plaisanterie qui n’expliquerait rien. Pour avoir une indication exacte il n’est qu’à se reporter à Claude Popelin qui, dans son ouvrage La Tauromachie nous enseigne ce qu’on doit entendre par torero corto.

" C’est tout torero qui, par nonchalance ou par la limitation de ses dons naturels, restreint son répertoire de suertes à un nombre peu élevé de passes essentielles la véronique, la demi-véronique, voire la chicuelina à la cape; les passes naturelles et droitières, celles de poitrine et celles aidées par le haut et par le bas, à la muleta.

Cela Popelin l’écrivit en 1970. On peut affirmer aujourd’hui que ce court répertoire s’est encore réduit depuis car on ne voit plus guère des "aidées par le haut" et "par le bas" ! Le grand critique ajoute "Sa constance à les perfectionner [les passes] et à en tirer le plus d’émotion possible tout en leur conférant une originalité personnelle, fait surtout de lui [le torero corto] un artiste du troisième tiers. Citant à courte distance, toréant toujours de près, s’appliquant à lier les passes en rond, son objectif est de rechercher de la sensation plus que la domination de la bête. Aussi ne donne-t-il pleinement sa note que devant les adversaires ne venant ni trop vite ni trop fort et ne présentant pas de réelles difficultés. De là àse les assurer d’avance dans le choix du bétail, il n’existe qu’un pas vite franchi par les tenants du genre. "

Nous pourrions ajouter à ce magistral portrait du torero corto que celui-ci cite et torée généralement de profil, qu’il ne se croise presque jamais avec le fauve et qu’il charge rarement la suerte. Et c’est fort justement que Popelin a dit que ce type de torero "recherche plus la sensation (c’est-à-dire " composer la figure ") que la domination ".

Avec la mort de "Paquirri" a disparu le dernier des toreros largos; "Antoñete" a jeté ses ultimes feux; il ne reste plus que des toreros cortos aux suertes standardisées, lassantes à force de se répéter et qui ne passent la rampe que lorsque le maestro a une forte personnalité artistique ou un dynamisme percutant.

Est-ce à dire que l’actuelle toreria ne compte point de maestro capable de sortir de cette ornière ? Certainement pas. Les Manzanares, les "Niño de la Capea", les José Antonio Campuzano, les Victor Mendes, les "Espartaco" et quelques autres sont probablement des toreros largos en puissance. Mais ils sont ancrés dans un mode facile de toreo et se refusent à pratiquer l’ingrat travail de dominio devant un adversaire difficile. On préfère baisser les bras... surtout quand les gradins crient " Mata lo !/ Mata lo !".

Alors il nous vient à l’esprit l’image d’un Jaime Ostos qui ne fut jamais un grand dominateur de toro mais qui, lorsque le sorteo lui était défavorable, ce qui lui arrivait fréquemment, se battait farouchement avec son adversaire dans un affrontement où, à défaut de science dominatrice, intervenait un courage énorme qu’animait une rare vergüenza. Mais cela n’est plus de notre temps, n’est-ce pas ?

CURRO ROMERO,
TORERO CORTO... CORTISIMO

Par Joël Bartolotti

Dimanche de Pâques 2000. Curro va une nouvelle fois faire le paseo à Séville, et espérons-le, pour ses admirateurs impénitents, algunas cositas más.

L’homme de Camas, qui a déjà derrière lui plus de quarante années de matador est, à mon avis, l’exemple même de ce que peut être un torero corto. Il est même le plus corto entre les cortos Nos lecteurs pardonneront ma témérité et me permettront à ce titre d’émettre une opinion quelque peu différente de celles éminentes de Claude Popelin et "Calendau".

Je m’y risque donc, moi l’humble camarguais, dussé-je encourir les foudres des parisiens et des marseillais pour une fois d’accord !

Si la définition traditionnelle du torero corto correspond à mon sens pleinement à celle de Claude Popelin, c’est-à-dire au professionnel court de répertoire, limitant et privilégiant les suertes (la véronique et la demie au capote, les "3 passes" à la muleta -naturelle, derechazo, pecho- le volapié ou ses succédanés à l’épée) et ayant totalement oublié l’usage des banderilles. Par contre, les considérations des deux grands auteurs selon lesquelles le torero corto recherche "plus la sensation que la domination de la bête" (Popelin) ou préfère "composer la figure" que dominer ou citer et toréer généralement de profil" (" Calendau "), me paraissent trop systématiques.

S’il existe, en effet, des toreros cortos répondant à cette juste critique, il en existe aussi, hélas !, des largos qui la mériteraient.

Que les toreros largos (malgré un petit renouveau), c’est-à-dire, pour faire court, ceux qui savent tout faire en piste et usent d’une grande variété de suertes et passes, soient de plus en plus rares est un fait navrant que nous déplorons tous, du moins je l’espère. L’appauvrissement d’une discipline n’est jamais une bonne chose. Juan Belmonte fut le premier matador à imposer cet ordre nouveau et irrésistible hélas !, dès 1913. Il fut et demeure l’incontestable fondateur du toreo moderne. Physique oblige, il fut une des rares figures de son temps à ne pas banderiller et inventa entre autres, dans un accès de modernisme, la coleta postiche abolissant le symbole des toreros antiques. Il fut pourtant un torerazo de dimensions exceptionnelles bien que corto ! Qui oserait le nier aujourd’hui ?

Il existe donc, heureusement, des toreros largos savants, encyclopédistes et docteurs de la fiesta, à l’évocation du souvenir desquels l’aficionado s’émerveille encore, de Pedro Romero de Ronda à Julián López "El Juli ", en passant par les trois magnifiques Rafaeles "Lagartijo" (flanqué du superbe Frascuelo "), "Guerrita" et "El Gallo ", l’inégalé colosse de Gelves, "Gallito ", puis Marcial Lalanda, Antonio "Bienvenida", Luis Miguel "Dominguin", Angel Teruel et "Paquirri ". ! Vaya cartel !

Mais il en existe aussi des cortos qui marquèrent d’une égale empreinte l’histoire du toreo et qui ne furent pas précisément superficiels. J’ai nommé Belmonte donc. J’y ajouterai volontiers "Chicuelo", Domingo Ortega, "Cagancho", Pepe Luis Vázquez, Antonio Ordoñez (plutôt largo à ses débuts et réduisant au fil du temps son répertoire à la quintessence), Paco Camino (pourtant proclamé "Niño sabio") et surtout "El Viti" au classicisme le plus dépouillé. Je mettrai également dans cette liste non limitative Paco Ojeda, "el último crack" et le Curro de Séville, incombustible et intemporel, plus "Antoñete" et Manolo Vázquez.

Il me paraît donc vain d’opposer le torero corto au torero largo car il en est de supérieurs dans les deux catégories, nous venons de le voir.

Certes "Manolete", autre exemple de torero corto, imposa le toreo de profil, tout comme ses successeurs et imitateurs à mon sens visés par "Calendau".

Plus près de nous, "Espartaco" joua savamment du pico et Manzanares (tous deux cortos) de la muleta hacia fuera. Ils furent néanmoins deux figures reconnues.

Ce sympathique garçon nommé "El Soro ", classé pourtant chez les largos, n’a jamais incarné à mon sens la pureté absolue du toreo !

Si corto doit aussi signifier superficiel, l’appellation doit alors s’appliquer à toute une génération de figuritas récentes ("Jesulín", "Litri" (II), Chamaco " (II) et Manuel Díaz "El Cordobés" (II). Ces réflexions ne m’empêcheront pas de regretter vivement, je le répète, la quasi disparition des toreros largos, qui va souvent de pair avec la monotonie et la tyrannie du derechazo. Mais, de nos jours, ont pu régner ou règnent encore d’estimables toreros... cortos comme Rincón le preux, Ponce le savant, ou Tomás le stoïcien.

Trois matadors contemporains et bien esseulés me paraissent toutefois mériter encore le qualificatif de largos:

José Miguel Arroyo "Joselito", Luis Francisco Esplá et le "Juli ". A propos d’Esplá, je mentionnerai une suerte (inédite pour moi) qu’il exécuta jadis à Bilbao à un toro de Fraile, une sorte de larga assis sur l’estribo. Je n’ai plus jamais rien vu de tel. Curro Romero, qu’on dit inclassable, est assurément aussi inimitable que corto. Sa véronique, sa demie et son kikiriki passeront à l’histoire tout autant que ses innombrables débâcles. Si Romero est une "maladie typiquement sévillane", comme l’écrivit naguère un grand critique espagnol, force est d’admettre qu’on l’aime aussi à Madrid. Comme tant d’autres, je puis témoigner de ces deux faits, ayant eu, en outre, le privilège de voir le "pharaon" couper ses dernières oreilles en ces deux augustes lieux. L’équité m’oblige cependant à rapporter un autre souvenir de Curro, celui de son arrestation à la fin de la course pour trouble de l’ordre public et conduite inadmissible. C’était à Bilbao en 1980. Il y est, depuis, indésirable. Ce fut un grand moment parmi tant d’autres de la mythologie curriste !

Peut-être convenait-il de rappeler tout cela pour éviter d’être taxé d’aficionado aux idées... cortas !

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